QUAND NOS CIMETIÈRES INSPIRENT UN ÉCRIVAIN...

 

Philippe Bourdet,  grand adepte des vide-greniers et autres brocantes, doit au  hasard de la trouvaille de La Parcelle 32 (1922) d' Ernest Pérochon d'être tombé sur ce passage relatif aux us et coutumes funéraires du pays, qu'il rappelle ainsi à certains, mais peut faire découvrir à d'autres :

"Au sommet (du petit coteau) se trouvait un cimetière de famille, clos par un mur assez élevé et par une haie de laurier-tin; du côté du levant où était l'entrée, il n'y avait pour toute clôture qu'un buisson nain d'épines noires. 
Dans ce pays - autrefois âprement protestant - on en voyait partout, de ces petits cimetières. Beaucoup de gens gardaient leurs morts tout près d'eux, derrière la maison, au fond d'un jardin; d'autres les conduisaient à la sortie du village, dans quelque petit coin ensoleillé; quelques-uns, enfin, les menaient dormir au beau milieu de la plaine. 
Le cimetière communal n'était peuplé que de rares familles catholiques; parfois, cependant, on y enterrait des ouvriers, des valets, des étrangers, petites gens sans orgueil et sans fortune, qui n'ayant jamais rien possédé de leur vivant, allaien  se coucher pour toujours dans la terre banale.
(les Mazureau) étaient là chez eux; la terre qui les entouraient étaient leur terre, celle sur laquelle ils s'étaient penchés, pour le même effort obstiné. Il montra  deux larges pierres plates posées sur des tumulus de cailloux."

Les ancêtres paternels de l'écrivain, né de parents protestants à Courlay en 1885, sont originaires de Saint- Jouin-de-Milly, et maternels de Moncoutant, secteur marqué à la fois par le protestantisme et par "la Petite Eglise". (cf l'article du Courrier de l'Ouest )
En 1914 il fut nommé instituteur à Vouillé près de Niort. Prix Goncourt en 1920 pour "Nêne", il se consacrera par la suite à son oeuvre littéraire dans sa villa de Niort devenue un centre d'art contemporain photographique. Son épouse Venda Houmeau, institutrice également, est issue d'une famille protestante qui trouve ses racines à Mougon et Thorigné.
A consulter un livre qui retrace sa vie " La villa Pérochon , dans la maison d'un Goncourt
 

Pour la petite histoire les livres de Pérochon ont connu un grand succès dans le pays pélebois: en 1963 les foyers ruraux de Souvigné, Vitré, Sepvret  ( entre aitres) ont présenté un spectacle "Le livre vivant"  adapté  de la parcelle 32, Nêne et les creux de maison . Cela rappellera sans doute des souvenirs à certains d'entre vous.